Analyse Texte 5 trouvée sur le net:
Avec Les Confessions, Rousseau, crée un nouveau genre : le récit autobiographique. Il s'agit de rédiger l'histoire de sa vie. Le livre sera publié en 1782, quatre ans après sa mort. Dans l'incipit, Rousseau expose son projet et en justifie l'intérêt.
I. Le récit autobiographique
a. les indices d'énonciation
L'utilisation du pronom personnel « je » en guise de premier mot introduit dès l'ouverture du récit la personne de l'auteur. La fin du premier paragraphe ne laisse plus aucun doute : "cet homme ce sera moi".
Les pronoms de première personne se multiplient tout au long de l'extrait, les adjectifs possessifs également : "mon défaut de mémoire", "mes confessions", "mes indignités".
Le présent de l'indicatif rend l'auteur plus présent et atteste l'aveu de vérité auquel il s'engage.
b. un genre nouveau
Rousseau a conscience de la nouveauté de cette entreprise qui, selon lui, "n'eût jamais d'exemple" et ajoute de manière tout aussi péremptoire qu'elle "n'aura point d'imitateur".
Cette forme de récit personnelle et subjective est et restera unique en son genre, d'après son auteur, au point d'exclure toute tentative ultérieure.
Rousseau est en effet le "fondateur" de ce genre. La recherche de "vérité", annoncée dès le premier paragraphe l'engage à faire le récit complet de sa vie. Le désir d'exhaustivité et de transparence feront toute la singularité de ce genre nouveau.
c. souci de transparence et d'exhaustivité
A travers ce préambule, Rousseau pose ses engagements et définit les préceptes du genre.
L'intérêt de sa démarche exige un récit exhaustif et sincère : "Je n'ai rien tu de mauvais, rien ajouté de bon (.)", "je me suis montré tel que je fus", ajoute-t-il encore. Seules les défaillances de la mémoire pourraient dénaturer quelque peu les propos de l'auteur.
Rien des travers ni des vertus de l'auteur n'échappera donc au lecteur. Actions, paroles, conduites seront également exposées avec le même souci de vérité. Le parallélisme des phrases montre encore la volonté de considérer avec justesse les deux penchants de soi-même, le bien comme le mal : "j'ai dit le bien et le mal avec la même franchise", "je me suis montré (.) méprisable et vil quand je l'ai été, bon généreux, sublime, quand je l'ai été"...
L'emploi du passé composé exprime une assurance et une certitude sur le respect des engagements auxquels l'auteur s'était astreint : "J'ai dit (.)", "Je me suis montré".
Ce préambule fait donc également l'objet d'un retour et d'une prise de recul sur le document que l'auteur nous livre.
Reste à comprendre l'ambition d'un tel projet. Quelles sont les enjeux de l'écriture autobiographique ?
II. Les enjeux de l'écriture autobiographique
Nous analyserons dans un premier temps les enjeux explicites, c'est à dire annoncés par l'auteur lui-même. Nous examinerons ensuite s'il ne resterait pas dans la démarche de l'auteur une ambition non avouée.
a. les enjeux explicites
Les Confessions de Rousseau, si elles semblent être une première du genre sont pourtant inspirées d'un livre plus ancien portant le même nom qui n'est autre que celui de Saint Augustin (Les Confessions). Rousseau aurait-il oublié cet héritage daté du IVème siècle après Jésus- Christ ?
Il est certain que non. D'ailleurs la justification de son livre dévoile une aspiration religieuse qui fait écho au récit spirituel du célèbre théologien catholique. Le choix du titre volontairement emprunté à une terminologie religieuse n'est pas gratuit.
Se raconter c'est "se confesser". Ce qui signifie qu'au-delà de l'anecdotique, le récit présente une sorte de témoignage dans lequel l'aveu des fautes serait déterminant dans le projet d'une autre vie.
Ainsi, en reconnaissant sa responsabilité et sa culpabilité, l'auteur mène une tentative de justification et confère au récit un enjeu spirituel voire religieux : "Que la trompette du jugement dernier sonne quand elle voudra, je viendrai, ce livre à la main, me présenter devant le souverain juge."
L'adresse à "l'Etre éternel" établit une sorte de dialogue avec Dieu et préfigure le Jugement dernier.
Mais d'autres destinataires apparaissent également dans cette introduction, il s'agit de ces "semblables" dont l'auteur veut faire ses témoins : les hommes, parmi lesquels Rousseau ne trouve aucune ressemblance. Car le récit autobiographique est aussi un moyen de se singulariser.
b. justification
La justification devant Dieu est aussi une justification devant ses semblables. Pour cela, Rousseau met en avant sa singularité et affirme sans douter : "Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus".
Cette "différence" qui a provoqué chez l'auteur un sentiment d'exclusion et d'incompréhension le pousse maintenant à un sentiment d'exception dont il se glorifie.
Revanche certaine sur l'injustice et la cruauté des hommes dont Rousseau s'est toujours senti la victime.
Pour finir, Rousseau propose au reste de ses semblables de surmonter l'épreuve de vérité à laquelle il a eu le courage de se confronter. La dernière phrase révèle un désir de glorification évident : "(.) qu’un seul te dise s'il l'ose : Je fus meilleur que cet homme-là. "
Ainsi, en critiquant Rousseau, (beaucoup l'on fait), il semble que la prétention à la vérité soit ternie par un amour propre excessif qui n'enlève rien cependant à l'originalité de sa démarche.
VOILA