Une pièce de théâtre est constituée par une histoire qui est non pas racontée comme dans un roman, mais reproduite à travers les paroles directes des personnages. Le texte dramatique est en général destiné à être représenté, c'est-à-dire mis en espace sur une scène.
I. L'histoire
Au théâtre comme dans un récit, l'histoire est une suite d'événements et d'actions accomplies par des personnages en vue d'un objectif donné.L'action L'action est constituée par un enchaînement à la fois logique et chronologique. Elle se décompose en trois grandes phases, de longueur inégale :- L'exposition, qui donne des indications sur la situation initiale, le temps, le lieu, les personnages, le registre- Le noeud de l'action, qui précise la nature des obstacles à surmonter ou de l'objectif à atteindre et met en oeuvre un processus dynamique pour passer d'une situation à une autre ; l'enchaînement logique et voulu des événements peut être perturbé par des faits imprévus, les péripéties (ou coups de théâtre)- Le dénouement, qui présente l'aboutissement de l'action (échec ou succès dans la poursuite des objectifs initiaux) et fixe le sort de tous les personnages.Les personnages Ils se caractérisent à la fois par leur personnalité et par leur rôle dans l'action (fonction actancielle) - La personnalité s'exprime à travers le nom, le rang social et surtout les caractéristiques du langage utilisé dans les répliques (niveau de langue, fonction dominante du langage)- Les fonctions actancielles : comme le récit, une action dramatique met en présence six forces distinctes : - sujet (héros de l'histoire qui oriente la progression de l'action par l'objectif qu'il poursuit)- objet (ce que vise le sujet)- adjuvant (qui aide le sujet)- opposant (qui fait obstacle à l'action du sujet)- destinateur (force qui pousse le sujet à agir)- destinataire (bénéficiaire de l'action du sujet)Le découpage temporel - En théorie, l'action est entièrement représentée, c'est-à-dire que tout son déroulement doit être montré sur scène. Mais dans la pratique, le texte théâtral découpe dans la durée de l'histoire des ensembles continus (les actes ou les tableaux) entre lesquels des événements non représentés peuvent intervenir : ils feront alors l'objet d'un récit de la part d'un personnage.- Selon les siècles et les théories théâtrales, le décalage entre événements représentés et événements non représentés a été plus ou moins important.
II. La parole théâtrale
Echange verbal entre plusieurs locuteurs, le dialogue théâtral se caractérise cependant par des éléments spécifiques.Le destinataire- Explicitement, les répliques s'adressent aux différents personnages qui sont face à face sur la scène. Mais au théâtre, toutes les répliques ont aussi un second destinataire, le public.- Bien que les conventions classiques imposent d'ignorer les spectateurs, certains procédés trahissent leur présence : le monologue (le personnage se parlant à lui-même informe le public sur ses sentiments) l'aparté (un personnage baissant la voix est censé être entendu du public, mais non de ses interlocuteurs sur scène)Le tour de parole Les personnages dominants ont la maîtrise de l'échange en engageant le dialogue, en l'interrompant ou le clôturant.Le volume et la répartition des répliquesIls révèlent l'importance dramatique et psychologique des personnages et imposent un certain rythme.- La tirade (longue réplique prononcée sans interruption) implique un approfondissement de l'échange et coïncide avec un ralentissement du rythme.- La stichomythie (succession de courtes répliques de longueur identique et syntaxiquement symétriques) traduit au contraire un affrontement entre personnages et entraîne une accélération du rythme.L'enchaînement des répliquesLe passage d'une réplique à une autre peut se faire :- Par continuité (reprise syntaxique ou lexicale ; jeu de question / réponse)- Par rupture (refus de répondre ; changement du thème de la conversation ; interruption.)
* Remarque : moteur de l'action, le dialogue sert aussi à traduire le caractère des personnages et les objectifs littéraires de l'auteur. La prédominance de telle ou telle fonction du langage peut se révéler particulièrement significative.
III. La représentation scénique
Les indications de mise en scène (didascalies) - Destinées à informer les lecteurs et metteurs en scène, elles ne sont pas prononcées lors de la représentation.- Elles sont constituées par :le nom des personnagesdes explications concernant le décor, les gestes, les entrées et les sorties de scène, le ton de la voix.Les conditions matérielles de la mise en scène- La présence physique des personnages incarnés sur scène par les comédiens conditionne l'interprétation du dialogue. Soulignant ou contredisant le sens des paroles, l'apparence, les gestes et le ton de la voix sont des éléments significatifs, précisés explicitement dans les didascalies ou suggérés par le texte des répliques.-Décrits par les didascalies, évoqués dans les dialogues ou ajoutés par le metteur en scène, les objets peuvent prendre trois grandes valeurs.L'objet-référent : renvoyant au contexte historique ou social de l'histoire, il concrétise un élément désigné par le texte (une épée)L'objet-signe : il représente symboliquement une réalité abstraite. L'objet-matériau : choisi pour son volume, sa forme, sa couleur, il impose à l'acteur des déplacements et des manipulations (un fauteuil)
IV. La tragédie et la comédie classique
- Au Moyen Age, le théâtre, essentiellement visuel et populaire, n'est pas un genre littéraire unifié et codifié.- C'est seulement à la fin du 16ème siècle et surtout au 17ème siècle que se mettent en place les principes théoriques de la dramaturgie classique, dominée par la séparation des genres et le respect des règles de composition.- Dans la hiérarchie des genres (ou sous-genres) héritée de l'Antiquité, la tragédie (genre noble) s'oppose à la comédie (genre populaire) à la fois par le sujet (histoire et personnages), le style (registres et niveau de langue) et la visée dominante.
La tragédie - Elle met en scène des personnages nobles et héroïques qui affrontent des obstacles liées à la fatalité, avec un dénouement malheureux.- Dominée par les registres tragique, pathétique, épique ou lyrique, elle vise à provoquer l'admiration et la pitié chez les spectateurs.
La comédie - Elle met en scène une humanité commune incarnant des rôles souvent stéréotypés (le valet insolent, le vieil avare.) face à des obstacles liés aux caractères ou aux moeurs, avec un dénouement heureux.- Dominée par les registres comique, satirique, ludique ou burlesque, elle vise à provoquer le rire dans un but distrayant ou moral.- Elle met en oeuvre des procédés comiques variés : comique de mots ou de gestes relevant de la farcecomique de situation dans la peinture des caractères ou la satire sociale.
Lun 28 Mai - 3:31
