Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
-20%
Le deal à ne pas rater :
Ecran PC GIGABYTE 28″ LED M28U 4K ( IPS, 1 ms, 144 Hz, FreeSync ...
399 € 499 €
Voir le deal

 

 Texte

Aller en bas 
AuteurMessage
Fk
Aide pro de Revisions Bac FR
Aide pro de Revisions Bac FR
Fk


Masculin Nombre de messages : 28
Date d'inscription : 29/04/2007

Texte Empty
MessageSujet: Texte   Texte Icon_minitimeLun 30 Avr - 19:30

Thomas More – L’Utopie (1516)



Rédigée en latin, L’Utopie décrit une île imaginaire où règnent l’égalité, la justice. Sous le voile de la fiction, More, chancelier d’Angleterre, développe quelques-uns des grands idéaux humanistes. Son indépendance d’esprit et son opposition au divorce de son maître Henri VIII, roi d’Angleterre, lui vaudront d’être exécuté. L’ouvrage se présente comme le compte rendu d’une discussion entre l’acteur et des amis. Le passage suivant est un plaidoyer humaniste en faveur de la tolérance religieuse.


Les Utopiens mettent au nombre de leurs institutions les plus anciennes celle qui prescrit de ne faire tort à personne pour sa religion. Utopus, à l'époque de la fondation de l'empire, avait appris qu'avant son arrivée, les indigènes étaient en guerre continuelle au sujet de la religion. Il avait aussi remarqué que cette situation du pays lui en avait puissamment facilité la conquête, parce que les sectes dissidentes, au lieu de se réunir en masse, combattaient isolées et à part. Dès qu'il fut victorieux et maître, il se hâta de décréter la liberté de religion. Cependant, il ne proscrivit pas le prosé¬lytisme qui propage la foi au moyen du raisonnement, avec douceur et modestie ; qui ne cherche pas à détruire par la force brutale la religion contraire, s'il ne réussit pas à persuader ; qui enfin n'emploie ni la violence, ni l'injure. Mais l'intolérance et le fanatisme furent punis de l'exil ou de l'esclavage.

Utopus, en décrétant la liberté religieuse, n'avait pas seulement en vue le maintien de la paix que troublaient naguère des combats continuels et des haines implacables, il pensait encore que l'intérêt de la religion elle-même commandait une pareille me¬sure. Jamais il n'osa rien statuer témérairement en matière de foi, incertain si Dieu n'inspirait pas lui-même aux hommes des croyances diverses, afin d'éprouver, pour ainsi dire, cette grande multitude de cultes variés. Quant à l'emploi de la violence et des menaces pour contraindre un autre à croire comme soi, cela lui parut tyrannique et absurde. Il prévoyait que si toutes les religions étaient fausses, à l'exception d'une seule, le temps viendrait où, à l'aide de la douceur et de la raison, la vérité se dégagerait elle-même, lumineuse et triomphante, de la nuit de l'erreur.

Au contraire, lorsque la controverse se fait en tumulte et les armes à la main, com¬me les plus méchants hommes sont les plus entêtés, il arrive que la meilleure et la plus sainte religion finit par être enterrée sous une foule de superstitions vaines, ainsi qu'une belle moisson sous les ronces et les broussailles. Voilà pourquoi Utopus laissa à chacun liberté entière de conscience et de foi.

Néanmoins, il flétrit sévèrement, au nom de la morale, l'homme qui dégrade la dignité de sa nature, au point de penser que l'âme meurt avec le corps, ou que le mon¬de marche au hasard, et qu'il n'y a point de Providence.

Les Utopiens croient donc à une vie future, où des châtiments sont préparés au crime et des récompenses à la vertu. Ils ne donnent pas le nom d'homme à celui qui nie ces vérités, et qui ravale la nature sublime de son âme à la vile condition d'un corps de bête ; à plus forte raison ne l'honorent-ils pas du titre de citoyen, persuadés que, s'il n'était pas enchaîné par la crainte, il foulerait aux pieds, comme un flocon de neige, les mœurs et les institutions sociales. Qui peut douter, en effet, qu'un individu qui n'a d'autre frein que le code pénal, d'autre espérance que la matière et le néant, ne se fasse un jeu d'éluder adroitement et en secret les lois de son pays, ou de les violer par la force, pourvu qu'il contente sa passion et son égoïsme ?



Thomas MORE (1516), L’Utopie (traduction française, 1842).
Revenir en haut Aller en bas
http://ibiza-power.skyblog.com
 
Texte
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Texte
» Texte
» Texte
» Texte
» Texte

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 :: Le Bac Français :: Texte 9: Extrait de l'Utopie, de Thomas More-
Sauter vers: